Et pourtant!
Il était plus âgé N'avait un visage parfait
Mais je l'aurais oublié
Parce que ses mots me rassuraient.
Je ne l'avais jamais vu,
D'ailleurs, lui non plus ;
Mais ça n'aurait rien changé
Parce que ses mots me rassuraient.
Il venait d'Afrique,
Moi de Martinique ;
Des différences de cultures écartées
Puisque ses mots me rassuraient.
Je ne savais plus trop quoi penser
Quand, de belles paroles, il m'accablait.
Aussi, les croire, j'ai préféré
Puisque ses mots me rassuraient.
Il ne manquait rien à ce tableau,
Ses doutes et les miens rayés au pinceau.
Entre lui et moi rien n'était à changer
Puisque ses mots me rassuraient.
Et pourtant!
Je ne pouvais pas croire en l'homme,
Le trouble, le flou, la méfiance en somme.
Moi, si sûre que tout ne pouvait être parfait
Même si ses paroles m'avaient rassurée.
Il fallait alors que je trouve
Un signe, un indice, une preuve
Afin de ternir légèrement la toile esquissée
Alors même que ses paroles m'avaient rassurée.
Je n'ai pas eu à chercher longtemps
Pour que se reflète dans mes yeux : l'étonnement;
Se transformant en déception, colère et passivité
Même si ses mots m'avaient rassurée.
Il a détourné la vérité,
M'a caché ce qui aurait pu m'irriter ;
Son verbe usuel n'étant plus employé,
Plus aucun de ses mots ne me rassurait.
Je me voyais piégée et salie
De ne jamais lui avoir menti,
Et je me sentais ridiculisée
Qu'un langage faussé ait pu me rassurer.
Il n'aura plus d'occasions de me mener en bateau,
Car je prendrai grand soin de baisser le rideau
Pour ne plus tomber dans le piège de l'homme rusé
Et croire en des vers imagés qui pourraient me rassurer.